Ce sujet à l'ambition de présenter les différentes théories qui veulent expliquer ou définir l'autisme.
Imaginez que vous lisez un livre. Vous pouvez facilement comprendre ce que pense le personnage principal, quels sont ses désirs, ses peurs. Vous pouvez vous mettre à sa place.
Pour une personne avec autisme, ce processus peut être plus complexe. C'est un peu comme si elle avait du mal à "lire entre les lignes" des interactions sociales.
Qu'est-ce que la théorie de l'esprit ?C'est la capacité de comprendre que les autres personnes ont leurs propres pensées, sentiments, croyances et perspectives, qui peuvent être différentes des nôtres. C'est comme avoir une carte mentale des pensées des autres.
Pourquoi est-elle déficitaire dans l'autisme ?Les personnes avec autisme peuvent avoir des difficultés à :
Quelles sont les conséquences ?
L'hypothèse du ToM a été posée par Simon Baron Cohen et par ses collègues en 1985.
Le déficit de la théorie de l'esprit ne signifie pas une absence d'empathie. Les personnes avec autisme ressentent des émotions, mais elles peuvent avoir du mal à les exprimer ou à les comprendre chez les autres.
Il est important de noter que chaque personne avec autisme est unique. Le degré de difficulté avec la théorie de l'esprit peut varier considérablement d'une personne à l'autre.
Imaginez votre cerveau comme un chef d'orchestre. Il dirige tous les instruments (vos pensées, vos actions, votre mémoire) pour créer une symphonie harmonieuse. Chez les personnes sans autisme, ce chef d'orchestre est généralement très efficace.
Chez les personnes autistes, ce chef d'orchestre pourrait parfois avoir du mal à coordonner tous les instruments.
C'est ce qu'on appelle un dysfonctionnement exécutif.
Le fonctionnement exécutif, c'est un ensemble de compétences qui nous permettent de :
Les raisons exactes ne sont pas encore entièrement comprises, mais on pense que cela pourrait être lié à :
Un dysfonctionnement exécutif peut se manifester de différentes manières, comme :
Il existe de nombreuses stratégies pour aider les personnes avec un dysfonctionnement exécutif, comme :
Ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas fonctionner pour une autre. Il est donc essentiel d'adapter les stratégies en fonction des besoins spécifiques de chacun.
Le dysfonctionnement exécutif pourrait-être une caractéristique fréquente chez les personnes autistes, mais il ne définit pas toute la personne. Avec les bonnes stratégies et un soutien adapté, il est possible de vivre une vie épanouie malgré ces difficultés.
Imaginez regarder une peinture. La plupart des gens voient d'abord une image d'ensemble, puis peuvent se concentrer sur des détails précis. Pour une personne avec autisme, il peut être plus difficile de voir cette image globale. C'est ce qu'on appelle la faible cohérence centrale.
C'est la capacité à intégrer des informations pour former une perception globale, un sens d'ensemble. C'est comme assembler les pièces d'un puzzle pour voir l'image finale.
Cette théorie, proposée par Frith et Happé dans les années 1990, suggère que les personnes autistes auraient une tendance à se concentrer sur les détails plutôt que sur l'ensemble. Elles seraient donc moins capables d'intégrer les informations dans un contexte plus large.
Pourquoi cette théorie ?
La théorie de la faible cohérence centrale propose une explication intéressante pour certaines caractéristiques de l'autisme. Elle souligne l'importance de considérer les forces et les difficultés des personnes autistes, liées à leur façon de percevoir et de traiter l'information.
Malgré son influence, le modèle de Frith a été critiqué pour son approche réductionniste, qui sous-estime les contextes dans lesquels la focalisation sur les détails est un atout.
Imaginez votre attention comme un projecteur. Pour la plupart des gens, ce projecteur balaie une large zone, illuminant différents aspects de leur environnement. Pour une personne autiste, ce projecteur est souvent plus concentré, comme un laser, focalisé sur un intérêt particulier. C'est l'essence de la théorie du monotropisme.
Le monotropisme est une théorie de l'autisme développée dans les années 1990 par des chercheurs en psychologie, dont une est elle-même autiste Wenn Lawson et Dinah Murray qui ne l'est pas. Cette théorie propose que les personnes autistes aient tendance à concentrer leur attention sur un nombre limité d'intérêts à la fois.
Pourquoi cette théorie ?
Les personnes autistes qui ont développé cette théorie ont observé que leur manière de penser et de percevoir le monde était différente. Elles ont remarqué qu'elles avaient souvent des intérêts très spécifiques et intenses, et que ces intérêts pouvaient parfois monopoliser leur attention.
Contrairement à d'autres théories qui considèrent l'autisme comme un déficit, le monotropisme le présente comme une différence neurologique. C'est une façon de penser et de percevoir le monde qui est simplement différente de la norme.
Le monotropisme offre une perspective différente sur l'autisme, en mettant l'accent sur les forces et les différences des personnes autistes. Cette théorie, développée par des autistes pour les autistes, contribue à une meilleure compréhension de cette condition neurologique.
L'étude de Dwyers et al (2024) présente des éléments entérinants des éléments de cette hypothèse.
Pour aller plus loin sur ces lectures, je vous renvoie vers l'article de la psychologue spécialisée Nathalie Boisselier. Vous y trouverez les références des études.
https://www.psynice.net/post/autisme-et-tda-h-la-th%C3%A9orie-int%C3%A9grative-du-monotropisme